Gérer l’imprévu est votre Talon d’Achille ? … Développez votre Talent d’Agile !

Par Pascal GALLIER VAKOM RLH

Dans la pratique de « sports nature » (alpinisme, escalade, canyoning, treks, raids, trails et autres courses dorientation), il est nécessaire de gérer limprévu, lagilité et ladaptation à lenvironnement sont des facteurs clés de la réussite dune sortie.

Gérer l’imprévu, c’est anticiper et développer son agilité

Une belle journée ensoleillée qui tourne à lorage, une course qui devait durer quelques heures et qui se prolonge sur la nuit, une corde coincée, un éboulement, la fatigue, une blessure … la situation peut évoluer rapidement et la frontière entre le plaisir et la galère – voire la mise en danger – est souvent très mince ! Anticiper les contraintes, cest développer son agilité pour réagir au mieux face à un obstacle, à un imprévu.

  • Croire tout maîtriser est une utopie.
  • Improviser sur place frôle linconscience.
  • Espérer que lenvironnement ne sadapte est une hérésie.
  • Mengager en me voilant la face relève dune attitude dangereuse et irresponsable.

Je vais devoir me préparer dune façon bien particulière pour pouvoir être pleinement présent, efficient, et agile dans mes actions. Maîtriser ce qui peut l’être, gérer limprévu, pour pouvoir lâcher prise sur le reste. Accepter de ne pas tout savoir ni tout contrôler pour accueillir les situations qui vont simposer à moi.

Evidemment si je fais le tour du pâté de maisons en courant tout devrait bien se passer.

Gérer l’imprévu, c’est anticiper et développer son agilité

Je vous propose 5 astuces transposables dans votre quotidien pour renforcer votre Agilité en environnement tant professionnel que personnel.

1- « Dans mon sac j’emmène mes peurs »

Qui d’entre nous n’a jamais mis des « au cas où » ou des « ça peut être utile » dans son sac à dos ? Parfois c’est une bonne idée … le plus souvent je m’embarrasse de choses inutiles qui ne m’encombrent plus qu’elles ne me servent. Plus je me prépare en fonction de mes peurs, et plus je m’alourdis.

Pour être agile je propose une préparation en fonction d’un objectif, d’un projet et non par rapport à mes peurs. Je fais l’inventaire des ressources nécessaires : matériel, moyens, logistiques, humains, compétences … mais également de mes Talents ! Ensuite j’emporte uniquement de ce qui est nécessaire en acceptant de renoncer au superflu.

Un petit retour en arrière pour revisiter mes expériences me permettra également d’identifier ma façon de réagir aux changements, aux virages et autres situations particulières (qu’elles soient agréables ou déplaisantes). L’agilité passe par le fait de mieux me connaître pour mieux réagir face à l’imprévu. Sa pratique régulière va renforcer mon autonomie, muscler ma capacité à réagir seul, ou avec peu de support.

Je fais avec ce qu’il y a, avec ce dont je dispose; et pas en regrettant ce qui manque, ce qu’il aurait fallu. C’est valable pour le « matériel » mais aussi pour les individus. « Les personnes présentes sont les bonnes personnes » alors avançons avec celles et ceux qui là, qui se sont rendu.es disponibles.

2- « Corps faible commande, corps fort obéit »

Mon corps est mon véhicule dans l’environnement, donc est-il nécessaire de rappeler d’en prendre soin ? Si je suis attentif à ma santé (forme, sommeil, alimentation …) mon corps sera à mon service, il me soutiendra dans mon action. Par-contre, si je ne le suis pas, il va me dicter sa loi, son rythme, ses faiblesses et parfois me mettre en difficultés voire me faire échouer. Ça ne veut pas dire que je dois être un(e) athlète, mais prendre soin de ma santé, me connaître suffisamment (mon état, mes rythmes, mes besoins, mes limites …) renforcera mon agilité, ma capacité d’adaptation, de gestion des imprévus, et m’aidera à mieux définir mes objectifs.

Je ne sais pas pour vous, mais il m’est déjà arrivé de commencer un entraînement sans m’échauffer … je n’en garde pas un super souvenir ! Comment être en capacité d’accueillir des situations, même parfaitement prévues, si je ne suis pas prêt physiquement ? mentalement ? Et si je m’échauffais pour démarrer ma journée comme je le ferais pour engager une course ?

3- « La carte n’est pas le territoire »

La carte est une représentation géographique à plat d’un lieu réel, avec ses reliefs, cours d’eau, routes, sentiers, forêts … aussi précises soient nos cartes aujourd’hui elles ne restent qu’une représentation. Si je prépare un itinéraire au millimètre sur ma carte il y a environ 99.99% de chances pour que ça ne se passe pas comme je l’ai anticipé, et que je doivent gérer certains  imprévus.

Pour être agile je définis un point de départ, un point d’arrivée, et des indicateurs de progression. J’identifie aussi des points de repères qui me permettront de savoir que même si je dévie un peu, je suis toujours sur le bon itinéraire, et si je ne les vois pas, il sera opportun de faire un point topo. Parce que je sais que j’aurais à gérer l’imprévu, mon Plan B pourra se construire avec des points de repli, et j’ai intérêt à déterminer le point de non-retour (à partir de cette descente en rappel, la sortie se fait par le bas uniquement, impossible de faire demi-tour). Une fois ces critères définis, je n’attends pas que tout soit parfait pour agir, j’y vais et ce sera comme ça doit être !

4- « Carpe diem quam minimum credula postero »

En fait le temps n’existe pas, la seule chose qui existe c’est ici et maintenant !

J’en suis totalement convaincu, notamment quand je fais des gainages, vous savez cet exercice qui dure quelques secondes qui parait une éternité ?!

Le passé est une succession d’évènements révolus (et réécrits par notre cerveau mais c’est un autre sujet) et qui peut déclencher des regrets. L’avenir est une projection sur des évènements qui pourraient se produire (ou pas) et génère parfois notre anxiété. Œuvrer à être Agile, c’est décider que ma Vie c’est ici et maintenant, que mon passé est une compilation d’expériences et d’apprentissages, que mon avenir est un champ des possibles et une source d’enthousiasme.

En montagne, un passage technique et/ou physique va me demander de me mobiliser pleinement. Charger le plus possible sur cette toute petite prise pour aller attraper la suivante va me demander un effort très intense. Ensuite je pourrai me reprendre un peu pendant quelques mètres d’ascension, puis il y aura à nouveau un passage difficile. Le soir au bivouac, je pourrai me reposer et récupérer. Si je suis à fond tout le temps je ne vais pas aller loin, si je suis relax tout le temps je ne vais aller nulle part …

Temps forts – Temps morts – Récupération

En lien avec la gestion de mon corps, de mon énergie, j’accepte d’alterner entre ces 3 niveaux d’engagement et d’intensité, que ce soit au niveau physique, mental et émotionnel.

5- « Home sweet home »

Je peux réaliser bien des efforts, encaisser les difficultés, subir des conditions météo épouvantables, et pour autant réussir à mener à bien mon projet. Pour cela, il me faut un solide camp de base. Ce lieu où je peux me reposer, me ressourcer, réparer ou me soigner, recharger en vivres, eau, batteries, matériel … Même spartiate, le confort d’un bivouac de fortune ou d’un igloo me permettra ce temps de récupération et de ressourcement.

Ai-je un camp de base ? Quel est-il ?

Ce peut être mon domicile, ma famille, un lieu, des personnes mais également un rituel (écouter un album par exemple), me retrouver dans une activité … les possibilités sont infinies et très personnelles, mais je crois que pour faire face à l’imprévu, pour accepter l’incertitude, pour vivre en agile, il est essentiel d’avoir un bon camp de base.

Développer l’agilité pour gérer l’imprévu.

LAgilité est donc ce subtil mélange de Savoir, Savoir Faire et Savoir Être qui me permet doptimiser ma capacité dadaptation. Cest tout … sauf de limprovisation ! Ou plutôt OUI cest de limprovisation … mais au sens artistique du terme. 

« Un discours improvisé a été réécrit 3 fois ».
Winston CHURCHILL
Ancien premier ministre du Royaume Uni.

Jentends parfois un musicien de jazz que jaime beaucoup dire « hier nous avons eu une répète dimpro’ jazz », il y a tout de même quelque chose de surprenant dans cette affirmation non ?

En montagne, les personnes inconscientes se dégagent mécaniquement de leurs responsabilités et engagent celles des autres. Jai le droit de prendre des risques, à condition den être la seule victime potentielle ! Lagilité appelle un sens des responsabilités, pour soi mais également pour les autres. Lagilité impose de décider, ce qui en soi nest pas forcément le plus difficile. Mais ce qui est dur, cest dassumer ! Auto-organisation, adaptabilité, autonomie et bien sûr Résilience : lâcher prise nest pas synonyme de faiblesse ou dabandon, cest parfois la plus sage des décisions, et elle demande souvent plus de courage que de tenir bon.

Pour terminer, je dirai que nous ne sommes pas tous égaux devant la « capacité dadaptation ». Pour certains les imprévus seront une difficulté, pour dautres un plaisir voire une source de motivation. Par-contre, nous avons tous le même potentiel dAgilité, cest une démarche, une discipline qui va se développer et se renforcer au fil du temps.

Alors ? Prêt.e à renforcer votre Talent dAgile ?

Pascal GALLIER, VAKOM RLH