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14 octobre 2025
Entre fascination technologique et risque de déshumanisation dans l’entreprise
Intelligence artificielle, automatisation, digitalisation… les (nouvelles) technologies redessinent en profondeur le paysage de l’entreprise. Entre promesses d’efficacité, de précision et de gain de temps, les adopter semble aujourd’hui une décision inévitable pour rester compétitifs. Néanmoins, dans cette course à l’innovation, une question fondamentale se pose : quelle place pour l’humain dans la performance ?
Les outils se perfectionnent et vont toujours plus vite que les organisations qui, elles, doivent apprendre à les apprivoiser. Trop souvent, la transformation numérique se concentre sur les systèmes, les technologies et les résultats à courts termes, au détriment des compétences comportementales et relationnelles. Ne pas penser à la place de l’Humain c’est prendre le risque de déconnecter les collaborateurs du sens de leur mission, fragiliser la culture d’entreprise et créer un sentiment de déshumanisation.
La première question à propos de laquelle on doit se positionner, c’est si l’innovation n’a de valeur que si elle sert l’humain, renforce la cohésion et nourrit la créativité collective. La réponse (enfin la nôtre) ? OUI !
C’est à ce juste équilibre entre technologie et humanité que se joue la performance de demain.
Les entreprises qui réussissent leur transformation digitale ne sont pas celles qui adoptent le plus rapidement les outils les plus sophistiqués, mais celles qui continuent de placer la dimension humaine au cœur de leur stratégie. Peu importe l’outil, c’est toujours – aujourd’hui – l’humain qui l’utilise et le contexte de cet usage qui prime sur son efficacité. Ainsi La meilleure IA ne pourra traiter les données d’un CRM ou de rapports qu’à la condition qu’ils existent…
Une PME industrielle française a récemment intégré des solutions d’intelligence artificielle pour optimiser la maintenance de ses équipements. Au départ, les équipes craignaient d’être remplacées par des algorithmes. L’entreprise a donc fait le choix d’accompagner la transformation par un programme de formation et de co-construction, valorisant le rôle des techniciens comme « interprètes de la donnée ». Le résultat ? La productivité s’est effectivement améliorée, mais surtout les équipes ne se sont pas senties dépossédées, elles ont même retrouvé une forme de fierté.
L’outil ne crée de la valeur que lorsqu’il s’intègre dans une culture d’entreprise où la technologie est au service des talents, et non l’inverse.
Plus les tâches techniques et analytiques sont automatisées, plus les « savoir-être » et les compétences comportementales deviennent les véritables différenciants. Empathie, adaptabilité, résolution de problème, leadership, intelligence émotionnelle, organisation… autant de composantes qui permettent de créer du lien, d’interpréter données et résultats et de décider dans la complexité du monde actuel. Innover sans déshumaniser c’est aussi laisser de la place à ce qui ne s’informatise pas.
Loin d’être accessoires ces compétences constituent la matière première de l’intelligence collective.
Quand la machine traite, l’humain relie, contextualise, innove.
Chez VAKOM, nous observons que les entreprises les plus performantes sont avant tout celles qui ont su développer des environnements favorisant la confiance, l’écoute et la responsabilisation.
Ces organisations voient les compétences comportementales comme un investissement stratégique, au même titre que la technologie ou que les compétences techniques.
Comme toute mutation, la réussite d’une transformation technologique est liée avant tout à la manière dont les équipes vivent le changement. Trop souvent, l’adoption des outils se fait dans la précipitation, parfois dans l’urgence (voire par mode) sans pédagogie, explication ou accompagnement humain. L’innovation déshumanise quand elle oublie de rendre les Hommes et les Femmes partie prenante.
Pour exemple, cette entreprise de services qui déployé une plateforme collaborative interne afin de faciliter la communication entre ses agences et ses collaborateurs à distance. Sur le papier, l’idée était bonne et le projet logique. Dans la pratique, des usages très faibles et un outil quasiment abandonné après quelques mois. La raison ? Les collaborateurs n’avaient pas été associés à la réflexion initiale et même si l’outil était intéressant, son usage ne correspondait pas aux pratiques de 80% des collaborateurs. Ce n’est qu’après avoir mis en place des ateliers participatifs et refondu trois fonctionnalités clés que l’outil a été adopté, renforçant ainsi le sentiment de collaboration.
L’adhésion précède la transformation.
Avant de changer les outils, il faut impliquer les esprits.
Quand on parle Entreprise et Humain, il est fort probable que le management ne soit pas loin. Bien sûr les dirigeants et managers jouent un rôle clé dans cette cohabitation entre humain et technologie. Il ne s’agit dès lors pas tant de piloter la performance que de créer les conditions de la confiance, de l’autonomie et du développement des compétences. En bref : faire grandir
Dans une entreprise où l’IA aide à analyser les performances commerciales de manière plus rapide (et parfois même plus fiable), le manager n’est plus celui qui « vérifie les chiffres », mais celui qui aide ses équipes à interpréter les résultats, à prendre du recul et à développer leur jugement. Plutôt qu’un sachant ou qu’un « donneur de tâches », il doit être un facilitateur, un mentor, un connecteur d’intelligences.
Cette évolution du rôle managérial demande des compétences nouvelles :
la capacité à déléguer intelligemment,
à créer des espaces d’expression,
à gérer les émotions et les tensions nées du changement.
Des dimensions, souvent délaissées bien qu’impossible à sous-traiter, deviennent les véritables clés de la performance humaine.
La culture d’entreprise est le socle de toute les pratiques et donc celui de la transformation durable. Au grès des équipes et des cycles elle doit naturellement évoluer sans pour autant se diluer. La technologie ne doit pas effacer l’identité de l’organisation, mais au contraire, venir la soutenir et même la renforcer.
Certaines entreprises ont réussi ce pari.
Chez Michelin la transformation digitale a été accompagnée d’un profond travail sur la culture managériale. L’entreprise a placé la responsabilité et la confiance au cœur de sa vision, permettant à chaque collaborateur d’être acteur du changement. Résultat : un taux d’engagement en hausse et une agilité renforcée dans un environnement hautement technologique.
Une transformation technologique doit toujours s’appuyer sur une approche globale : avant d’intégrer un outil ou une méthode, il s’agit de comprendre l’existant, l’historique, les dynamiques, les motivations, les freins et les croyances humaines. La technologie se vit alors comme un prolongement naturel de la culture, et non une rupture.
Adopter les nouvelles technologies sans déshumaniser, c’est aussi questionner l’éthique. Comment s’assurer que les données sont utilisées de manière responsable ? Que les algorithmes ne créent pas de biais ? Que la technologie sert le développement de chacun et non le contrôle permanent ?
Ces questions ne sont pas que techniques, elles sont culturelles. Elles concernent la gouvernance, la transparence et la confiance. Innover sans déshumaniser suppose de créer une culture propice. Un environnement où les collaborateurs comprennent les objectifs et les limites des outils technologiques est un environnement où la responsabilité collective se renforce.
Les entreprises qui parviennent à combiner innovation et éthique gagnent la bataille de la confiance – celle des collaborateurs, mais aussi celle des clients et partenaires.
Innover sans déshumaniser c’est accepter de réinventer la manière dont on pense la performance. Ce n’est plus seulement ce que l’on produit qui importe (plus vite ou plus efficacement), mais comment on produit. Il est alors temps de créer un environnement où les technologies amplifient les compétences humaines.
Faire de la culture d’entreprise le socle de leur transformation digitale ;
Investir dans les comportements comme levier d’adaptation et de leadership ;
Accompagner le management dans son rôle de créateur de confiance et d’autonomie ;
Développer une vision éthique et inclusive de la technologie.
Innover sans déshumaniser c’est accepter de réinventer la manière dont on pense la performance. Ce n’est plus seulement ce que l’on produit qui importe (plus vite ou plus efficacement), mais comment on produit. Il est alors temps de créer un environnement où les technologies amplifient les compétences humaines.