L’optimisation du dialogue social dans son organisation

Par Rémy Bayart
VAKOM à Roissy en France

Article issu du webinaire visible ici

"Le dialogue paraît en lui-même constituer une renonciation à l’agressivité "
Jacques Lacan
Psychiatre, Psychanalyste

À travers ces paroles, je souhaite vous présenter une première définition du dialogue social, puis mettre en évidence les bénéfices d’avoir un bon dialogue social. Je vous donnerai aussi les outils et les méthodes pour mettre en place un dialogue social efficace.

Qu’est-ce que le dialogue social ?

Un terme qui semble compliqué, mais peut se résumer simplement comme étant toutes les formes de négociations, consultations et échanges d’informations entre les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs sur des questions d’intérêt commun liées à la politique économique et sociale. (Source OIT)

Qui sont les parties prenantes dans un dialogue social ?

Il y en a généralement 4 qui reviennent : 

  • La direction
  • Les représentants du personnel
  • Les salariés
  • Le management

Si une de ces 4 parties prenantes n’est pas prise en compte, le dialogue social est plus difficile à maintenir et/ou à mettre en place.

Qu’est ce que l’on négocie dans le dialogue social ?

Parmi les sujets les plus communs et les plus souvent abordés dans le dialogue social, on retrouve la rémunération et le temps de travail, l’égalité professionnelle, la qualité de vie au travail, la gestion des emplois, la mixité des métiers et l’évolution des parcours professionnels.

Ces sujets sont parfois délicats à traiter, et les parties prenantes ne sont pas forcément d’accord sur certains termes. L’enjeu est de garder un statuquo entre les parties prenantes pour éviter une confrontation qui mettra en péril leurs relations.

 

Les conséquences d’un mauvais dialogue social : 

La conflictualité entre les parties prenantes peut prendre différentes formes : des grèves, des pétitions, des refus d’heures supplémentaires, des tensions interpersonnelles…  Bien souvent, ces tensions naissent rapidement. L’enjeu premier est donc de savoir détecter les paramètres qui peuvent déclencher des sources de conflits entre les parties prenantes. 

Les autres conséquences d’un dialogue social défaillant peuvent se traduire par une hausse de l’absentéisme, du turn-over, ainsi qu’une mauvaise transmission des informations…

Et bien souvent, ces conséquences ont des coûts.

 

Maintenant que nous y voyons un peu plus clair, quelle est la différence entre le dialogue social et le climat social ?

Les deux termes sont souvent confondus. Ils sont bien liés l’un à l’autre, mais ils ont leurs différences. Le climat social, c’est un indicateur de santé humaine et sociale d’une organisation. Le dialogue social, c’est le baromètre qui détermine l’état de la relation qu’entretiennent les collaborateurs avec leur travail, et plus généralement, leur entreprise. 

Le dialogue social, ce sont plusieurs enjeux clé, à commencer par favoriser et améliorer les relations entre les collaborateurs et/ou les parties prenantes. C’est aussi créer une culture d’entreprise solide et fiable sur le long terme. Aujourd’hui, nous le savons, et nous l’affirmons, les organisations sont plus performantes quand les collaborateurs sont motivés et que l’ambiance au sein des équipes est au beau fixe. Une étude menée par DARES démontre que les employés, qui travaillent avec des parties prenantes ayant un bon dialogue social, sont plus performants de 15%.

Alors c’est quoi la formule magique ?

Beaucoup plus simple que la recette des macarons, mais plus longue à mettre en place. 

Un dialogue social + cohésion = diminution des conflits.

Selon une étude d’Opinion Way, dans cette période post-confinement, 44% des salariés présentent des symptômes de détresse psychologique. A l’inverse de ce que nous pourrions penser, ce sont les managers qui sont le plus exposés. 

Cette même étude interroge aussi les DRH sur les constats du dialogue social. 85 % considèrent que le dialogue social est un levier au service de la stratégie d’entreprise.

Les enjeux majeurs du dialogue social

  • La création de confiance entre les parties prenantes. Que chacune puisse avoir confiance en elle, et en celles qui l’entourent.
  • Renforcer la communication. Nous ne maîtrisons pas toujours toutes les connaissances sur la communication. Une mauvaise communication peut se traduire par une information déformée, qui met en porte-à-faux une partie prenante, et qui créer des conflits.
  • Le troisième enjeu est d’obtenir des résultats et d’améliorer la performance humaine dans les entreprises.

De ces enjeux découlent des bénéfices.

Le dialogue social veille à permettre l’union des individus en vue de la réalisation d’objectifs communs. Il permet de développer les bonnes relations et la bonne communication au sein des équipes, qui deviennent plus performantes par la suite. Ensemble, les parties prenantes construisent un projet commun qui garantit la pérennité de l’entreprise.

Second bénéfice, il développe le sentiment d’appartenance des équipes et des parties prenantes. La qualité des relations de travail favorise indubitablement la diffusion des valeurs, leurs appropriations par les nouvelles recrues. 

Troisième bénéfice : l’augmentation de la productivité. Certaines études démontrent que les managers sont parfois exagérément optimistes sur la qualité du climat social dans leur équipe. Loin de moi l’idée de vous dire de ne pas être optimiste, mais soyez un minimum réaliste en amont. Pour coller à la réalité, et ne pas se cacher derrière un « Non non, tout va bien », le manager et la direction doivent se mettre en position d’écoute vis-à-vis de leur équipe. Une bonne écoute permet de détecter les problèmes, évaluer les solutions, réduire les craintes, responsabiliser sur la réussite des projets, et donc, d’augmenter la productivité. 

Cultiver la performance du dialogue social grâce au Soft-skills.

Il existe 3 grandes compétences à développer. 

Savoir écouter : Une bonne écoute, c’est lorsque votre interlocuteur à l’impression d’être seul avec vous. Aujourd’hui, 70 % des personnes n’ont pas l’impression d’être écoutées. Selon un sondage Linkedin, 69 % des clients de commerciaux estiment que ces derniers ne les écoutent pas suffisamment. Nos filtres mentaux sont nos premiers blocages à l’écoute. En voici un exemple : un patron qui tape sur les collaborateurs, les syndicats sont en colère et manifestent. Nous avons l’image du méchant patron / collaborateur / syndicat qui vient biaiser notre perception, et donc affaiblir le dialogue social. Alors une bonne écoute, c’est quoi ? C’est se sentir écouté et respecté, c’est abolir le sentiment d’agressivité et faire émerger un climat de confiance.

«  Un bon dialogue social, c’est passer du combat au débat, et de la méfiance à la confiance »

Savoir négocier : Richard Nickson disait : « Il faut toujours être prêt à négocier, mais ne jamais négocier sans être prêt ». Si vous partez en négociations sans être prêt, vous partez au combat sans armes. Être prêt, ce n’est pas envoyer tous ses arguments, c’est aussi savoir recevoir les avis et les opinions divergents des vôtres, et se mettre dans une posture empathique. Lorsque l’on négocie, il faut savoir choisir le bon lieu, le bon endroit, le bon moment, les bonnes questions qui permettent d’avoir des réponses constructives. Voici une petite méthode que vous pouvez appliquer pour préparer des négociations : La méthode D.E.S.C.

  • Décrire les faits, rien que les faits 
  • Exprimer son ressenti et son besoin 
  • Solution : comment pouvons-nous faire ? 
  • Conclusion : formalisation d’un plan d’actions avec des conséquences positives pour tout le monde.

Développer son assertivité : C’est la capacité à s’affirmer sans chercher à dominer l’autre. C’est avoir confiance en soi, mais aussi avoir confiance en l’autre. Trop souvent, ces forces sont déséquilibrées, et soit nous avons trop confiance en nous, et pas assez en l’autre, soit l’inverse.

Voici quelques outils de mesure du dialogue social.

Le baromètre du climat social : Il prend en compte la satisfaction au travail, le management, le stress et les risques psycho-sociaux, la communication interne, les perspectives et la confiance des collaborateurs. Par peur de voir la réalité telle qu’elle est, le baromètre de climat social est laissé de côté, ou n’est pas assez pris en compte.

Le baromètre de l’engagement des salariés. Cet indicateur permet de prévenir les risques de dégradation du dialogue social. Ce baromètre détermine 4 types de salariés : les désengagés actifs, les désengagés, les engagés, et les engagés actifs. En France, 69 % des salariés français se disent désengagés (étude Gallup). Ce baromètre donne une photographie en temps réel de l’engagement des collaborateurs et doit servir à mener des actions d’engagement.

Chez VAKOM, nous avons les outils qui répondent à la prévention de crise du dialogue social. La Méthode OPR®, qui permet de comprendre les comportements et les motivations de chacun. Le Diagnostic Marque Employeur, pour savoir ce que pensent vos parties prenantes de votre entreprise. Nous avons aussi d’autres outils comme le baromètre de performances RH (BPRH); la méthode de l’engagement (MDE) qui permet de savoir qui sont les acteurs engagés dans la réussite de l’entreprise, et enfin, le Baromètre des Postures Managériales (BPM), qui permet au manager de savoir ce que les autres pensent de lui, pour ensuite faire avancer les choses dans le bon sens.

Quelques moyens efficaces pour assurer le dialogue social.

  • La formation : elle permet d’impliquer vos salariés, d’éviter le turn-over, de booster la productivité et l’innovation, tout en améliorant votre marque employeur.
  • Les entretiens professionnels : ils sont obligatoires certes, mais ils sont un véritable outil managérial. Ces entretiens permettent de mieux comprendre les salariés et d’améliorer le fonctionnement et la relation Manager / Managé. Ces entretiens doivent être soigneusement préparés en amont pour être considérés comme des outils de réflexion sur des opportunités.
  • Utiliser les opportunités de l’air du digitale pour dynamiser le dialogue social. Le confinement a accéléré le basculement du dialogue social collaboratif à distance. Si dans un premier temps, certains ont vécu un isolement, aujourd’hui, le dialogue social devient tout à fait possible à distance. Nous avons juste eu besoin d’un premier temps d’adaptation. Aujourd’hui, 67% des salariés, dont une majorité de 18-24 ans (86 %), considèrent le numérique comme un médium efficace pour porter par eux-mêmes leurs revendications aux employeurs. La peur de rentrer dans le bureau du directeur s’estompe, parfois même trop, me racontent certains clients.

En bonus, voici quelques processus efficaces de dialogue social.

  • La procédure à texte unique. C’est faire une proposition unique pour voir ce qu’en pense notre interlocuteur.
  • Construire un bon accord sur un désaccord
  • Multiplier les objets de négociation pour avoir une compensation 
  • Utiliser le Front renversé : se mettre à la place de l’autre pour savoir ce qui est acceptable ou pas. 

 

Mais n’oubliez jamais que c’est vous qui êtes le meilleur acteur de développement du dialogue social. 

Rémy Bayart, VAKOM Roissy-en-France